VEF Blog

Titre du blog : Art-Andy
Auteur : xmissbzh
Date de création : 02-01-2009
 
posté le 09-04-2011 à 18:13:26

...

(Version non corrigée)

Parution encore non défini. Edition Edilivre.

 

 Xavier Ben J

 #La benjamine

 L'annonce d'un retour

 

 

 

Né en 1967 à Lorient, Xavier Ben J, suivra ces parents à Rennes, Vannes pour revenir sur les contrées des alentours de son pays natal. Depuis il ne cessera de croire à sa destiné artistique après son passage à l’école des Beaux-arts de Lorient en 1988.

Mais une prise de L.S.D à la sortie de ses études le poussera à se déconnecter de la réalité en 1992 pour vouloir sauver notre monde. C’est une lourde responsabilité qu’il ne supportera pas. Sans passer par l’option d’une chambre d’un asile qu’il craignait, Xavier Ben J se remettra peu à peu de cette expérience que quatre années plus tard.

Ce n’est qu’en 2001, après quelques petits boulots et plusieurs formations pour apprendre, que Xavier Ben J se décida à écrire. Essai autobiographique, "La Benjamine" se veut être au plus près de la réalité. Dénonçant ce monde patriarcal et machiste, suite logique après son parcours de vie, cet ouvrage est un chemin initiatique plein de vérité et de passages lourds en émotion forte. Aussi un soupçon de trame policière et quelques graines d’érotismes marquant parfois ces fantasmes les plus profonds nous poussent à vouloir connaître la vie d’un seul homme, celle de l’auteur. Quel est véritablement son histoire ? Finalement on s’interroge.

C’est son premier ouvrage, résultat des dix dernières années.

 

 

 

 

 

 

 

Préface de l'auteur

 



 

Le vendredi 07 septembre 2001.

C’est vers 23h28 que j’ai tapé sur mon clavier les premières lettres de cet ouvrage.


Encore en partie dyslexique, nous pensions au moment du traumatisme que mes cours d’orthophonie auraient résolue parfaitement la pathologie, ce travail d’écriture a donc été un vrai exercice.

 

Ce livre est une autobiographie.

Dans mon histoire, j’ai été celui qui croyait pouvoir sauver ce monde.


C’est une écriture profonde jusqu’à conter mon phantasme insoupçonné qui choquera certainement plus d’un puritain et encore plein d’autres.

En supplément des morceaux érotiques romancés viennent pimenter l’ouvrage.

Le sexe fait parti de la vie.

Ne pas le pratiquer est une réduction de l’être à moins qu’il ne soit pallié par une recherche spirituelle évidente.


Durant l’écriture un élément issu de mon sinueux labyrinthe cervical est venu me perturber. Ce dit, retour de refoulement dans le jargon psychiatrique, déclencha en moi un effet d’effondrement.

Ce chamboulement discrédita aussi la thèse que j’avais de ma personne.


Donc j’ai dû reprendre mon livre à sa racine pour lui redonner de la fraîcheur.


Il faut prendre ce livre comme une fable.


Aussi pour garder l’anonymat des gens citées dans ce livre leurs identités ont été volontairement corrigées.

Dans l’espérance que les personnes concernées se retrouveront.


Je vous remercie pour votre sensibilité.

 



Xavier Ben J

 


 

 

 

 



Chapitre 1






J'aime travailler la nuit. Je suis noctambule, festif, j'aime la contre culture, le son des teuffeurs, le rock des seventies et il y en a eu des tonnes de rockeur à cette époque. Pour n'en citer qu'un, je nomme Iggy Pop. J'ai un faible pour lui. J'adore sa façon de bouger, sa façon de se torsader toujours torse nu sur scène. Dans l’astrologie chinoise, c’est une chèvre, comme moi. Je l’ai vu jouer, danser, chanter, sauter en concert dans un festival à Carhaix.

Sinon, je puise aussi mon inspiration et je laisse mon âme divaguer en écoutant du jazz dans un bon fauteuil. Cette musique est à l’origine de toutes celles qui l’ont succédée. J’aime la musique du monde. Les cultures, les sculptures et les richesses spirituelles de la Chine, de l'Inde et de l'Afrique me font spécialement rêver. La grande pyramide de Gizeh m'impressionne. L'inconnu aussi, parfois. J'aime l'art en général mais je me sens imprégné particulièrement par le Minimalisme. L'Arte Povera ou l’art pauvre, c’est un mouvement né en Italie, m'interpelle et les sculptures noires et longilignes, découpées, hachées de Giacometti me déstabilisent. Aussi, j’ai sniffé la Chèvre de Picasso à Paris avec mes petites prunelles vertes. J'aurai aimé la toucher, la caresser, la voler pour mon salon rouge. J’aurai écouté près d’elle et avec elle Souad Massi ou Susheela Raman.

Ainsi j’aurai pu remémorer mon histoire de vie au près d’un bon verre de whisky.

 

 

 

 

 

Zo est très fier de sa dernière fille. Ce quatrième bébé a été conçu un mercredi midi. Le 07 juin 1944, juste après le débarquement de Normandie. Son troisième enfant, une fille, est décédé en 1941 d’une grave maladie, la diphtérie. Elle n’avait que sept ans. La pauvre. Ses deux premiers gosses sont des garçons, André, et le plus jeune, Tonio.

Moun est donc née après la Deuxième guerre mondiale. C’est une enfant assidue à l’école et très douée pour l’école. La Retraite est un collège privé de Lorient. C’est un établissement de très belle réputation, guidé par des sœurs de l’Église. Le régime est sévère. Moun y gagne plusieurs récompenses et autres prix collégiens. Elle continue ses études supérieures à l’IUT de Rennes pour obtenir encore avec facilité son diplôme d’État. Sa thèse de fin d’année, La psychologie dans le monde du travail a été validée.

En 1963, elle rencontre Paolo. Il travaille à l’arsenal de Brest. Quatre ans plus tard, en 1967, Moun me met au monde à l’hôpital Blanqui à Lorient. Très vite, ils iront travailler à Rio de Janeiro.

Ils rentreront en France rapidement.

L’hôpital a été réhabilité depuis en centre d’accueil et d’encadrement pour les personnes ayant besoin de suivi médical en psychiatrie.

Louis Auguste Blanqui, lui, était un théoricien socialiste et révolutionnaire français. Mort en 1881, il édita parmi d’autres ouvrages et à la fin de sa vie, le journal Ni Dieu ni maître.

 

Après un bref passage au Brésil, mes parents iront habiter deux ans entre Rennes et Laval. Moun est encore étudiante. Paolo est vendeur dans une petite boutique en électronique et informatique à Laval. Cette boutique spécialisée a été l’une des toutes premières ouvertes en France. Les machines que Paolo mettait en rayon pour attirer les quelques rares entreprises pionnières ne s’appelaient pas encore ordinateur. Ces appareils étaient appelés calculateurs. Ils étaient faits à l’époque surtout pour la comptabilité.

Le temps passe. J’ai deux ans. Mes parents ont quittés Rennes et Laval pour aménager sur Vannes. Vannes, c’est la préfecture du Morbihan et cela a été aussi dans un autre temps la capitale des Vénètes d’Armorique durant un siècle et demi, Darioritum.

Les Vénètes d’Armorique sont d’origine italienne, venus de la Vénétie, s’établissant ici suite à leur soumission devant les attaques à répétions des légions romaines. Les Vénètes d’Armorique ont été les navigateurs les plus puissants de la Gaule. Redoutables. Leur nouvelle cité fut détruite finalement par César en 56 avant Jésus-Christ.

Maintenant Paolo est conseillé en assurance dans une petite agence à Vannes. Moun est institutrice. C’est son premier travail.

 

 

 

Mes parents ont loué un appartement au premier étage d’un immeuble. C’est un T3. Les deux premières pièces donnant sur la rue ont un balcon chacun. Dans la journée, il y a des passants à pied ou en voiture, mais pas trop. Les voitures sont blanches, grises, noires ou bleues marines. C’est triste. Les voitures jaunes, orange, rouges ou violettes, je n’en vois pas trop.

Dans le salon, je me rappelle de Paolo qui m’apprenait à compter jusqu’à dix sur ses dix doigts.

- 1, 2, 3...

Nous étions assis tous les deux sur le canapé. Il faisait soleil. Les rayons venaient éclaircir le tapis déjà haut en couleur. Le parquet, lui, restait sombre.

 

Plus tard, j’étais seul avec Moun.

 

Je me suis niché dans la jardinière en plastique, blanc, rigide et vide, accrochée sur la balustrade du balcon du salon. Le siège noir de mon tracteur, rouge, à pédales m’y avait permis l’accès. Il m’eut fallu beaucoup d’adresse tout de même. Au rez-de-chaussée, il y avait un petit commerce de chaussures et de belles fripes pour bambin. Soudain une piétonne a crié :

- Oh mon Dieu !

Et puis encore :

- Descends de là mon petit.

Une autre passante, plus jeune :

- Où est ta maman ?

Pendant ce temps, maman était occupée à repasser les chemises de papa ou les draps du lit, je ne sais pas.

- Attention. Cria encore la première dame âgée affolée.

Sa voix était esquintée, le ton à peine audible.

 

Finalement maman a entendu les appels au secours. Elle me rattrapa avant la chute. Elle remercia fortement les deux dames. Bien entendu.

 

Un autre jour toujours seul avec Moun et toujours sur le balcon, j’ai voulu récupérer un de mes feutres oublié sur le second balcon. C’est le balcon de la chambre de mes parents. Le feutre est orange.

Les deux balcons sont séparés précisément d’une coudée. La coudée, c’est l’unité de mesure de l’Égypte antique valant 52,36 cm soit l’équivalence de Pi divisé par 0,06. C’est étrange.

Les mathématiques des égyptiens étaient essentiellement basées sur le nombre Pi. Mais d’où détenaient-ils ce nombre interminablement long bien connu ? Des grecs ?

Entre deux balustres, deux barres métalliques torsadées de couleur gris bleu argenté, j’ai glissé mon bras droit suivi de près de ma jambe droite. J’ai passé mon torse après. Mon bras gauche était attaché au torse. Je passe ma dernière jambe. Trop grosse, ma tête était restée derrière les deux balustres.

Au final, je me suis retrouvé sur le fin fil de la bordure cimentée du balcon avec mes toutes petites chaussures rouges achetées en bas qui retenaient là mon tout petit corps en très mauvaise posture.

J’avais l’air certainement d’un bon équilibriste. Cependant je ne maîtrisais plus du tout la situation qui devenait très préoccupante.

Mes toutes petites mains accrochées fortement aux deux fines balustres retardaient ma chute. Pour peu, je manquais la strangulation. Un mauvais pas et tout était fini pour moi. Heureusement, une piétonne cria encore :

- Oh mon Dieu !

Le ton était plus lourd et plus dramatique que la première fois.

Moun préparait le dîner dans la cuisine pour le plat de ce soir.

Au secours. Cria la dame.

Au secours.

Moun entendit une nouvelle fois les cris dans la rue. Quand elle m’a vu, son visage a blanchi en deux secondes. Son cœur a dû ne plus battre trois secondes certainement. Moi, j’ai entendu son cœur flipper. Son cœur était vert. Ce n’est pas habituel. Moun s’est approchée de moi un peu affolé puis me dégagea de cette prison ouverte avec douceur. Il lui fallu jeter son sachet de sucre vanillé pour gagner un colis de self-control.

- Ouf !

Qui a soufflé « ouf » ? Maman ? Moi ? Nous deux peut-être... 

 

Moun se défendait bien pourtant dans son ministère de maman. Elle ne devrait avoir point besoin de l’intervention des piétons pour me faire à manger. Moun sait me faire des câlins. Des bisous sur le ventre. Des cadeaux parfois. Quoi comme surprises ? Je ne sais plus.

La nuit arrive. Le jour recule.

Maman me couche.

À cette heure là les passants sont devenus trop rare dans la rue pour alerter maman d’un éventuel danger. Les minutes passent. Agité dans mon sommeil, je me suis retourné faisant par là un tête-à-queue. Mes pieds ont pris la place du chef. Ma tête sous les couvertures. J’étouffe sourdement. Je panique.

Moun, assoupie dans le canapé, un livre en main, la télé allumée, Paolo regardant le football une Kronenbourg entre les jambes, distingua distinctement mes frêles petits cris étouffés par l’épaisseur des draps. Elle accourt dans ma chambre. Elle arracha au mieux mes couvertures jetant son intrigue policière sur le sol. C’est un Agatha Christie, « La fête du potiron ».

- Ouf !

Là, le « ouf » c’est moi qui l’ai dit.

 

Assise sur le rebord du lit, maman me dorlota dans ses bras et attendit soigneusement que je reprenne ma respiration sans saccades.

Sur ce coup, il n’y avait point de passants dans la rue pour prévenir ma matrice.

 

Quelques mois plus tard, Moun et moi sortions à pied du parking de la supérette du quartier. Nous avons une centaine de pas à faire pour rejoindre l’appartement.

Moun me serre la main. (Vous rappelez-vous de la lourdeur de ce bras en l’air tenu par une grande personne ? Moi oui) Moun est lourdement chargée de trois pochons goinfrés de course.

Profitant d’un relâchement de sa poigne, j’ai arraché avec détermination ma main de sa main pour entreprendre en solitaire la traversée de ce fleuve bitumé, cette route juste bombée pour évacuer l’eau de pluie vers les caniveaux. Les voitures roulent. Après deux ou trois coups de klaxon brefs et rapprochés, deux pare-chocs et un capot évités, j’ai saisi sans mots les paroles des yeux noirs de maman toujours sur l’autre rive. Très grande frayeur pour maman et quelques chauffeurs.

 

Plusieurs mois se sont écoulés. Nous habitons toujours à l’étage du 28, rue Colonel Maury. Maman me demande d’aller chercher du pain à la boulangerie du coin.

- Andy, tu vas chercher du pain pour ta gentille et belle maman ?

- Oui maman.

Le parcours n’est pas trop fait d’embuche pour l’enfant que je suis encore. Maman me donne les deux ou trois sous. Moun m’ouvre la porte d’entrée. Je descends les vingt-trois marches de l’étage. J’ai cinq ou six pas sur les pavés du porche de l’immeuble. Passé le portillon du bâtiment, je devais bien garder en main les cinq pièces jaunes. Ma petite paume devenait pour moi un véritable coffre-fort tenu secret le temps de l’escapade.

J’avais cinquante trois mètres à faire à droite pour attraper la poignée de la porte de la vitrine de la boulangerie.

Notre boulangère est très commerçante.

Policée et toujours souriante. Cependant, ce que je préférais chez elle c’était son large décolleté bien garni. La gorge toujours ouverte. Été comme hiver.

Dans son drugstore, je fouinais rarement dans tous les bocaux où l’on pouvait chiner ces milles réglisses noirs spiralés odorantes et toutes ces moelleuses et colorées fraises Tagada et ces deux gros célèbres chewing-gums aux longs boudins roses, le nommé Malabar. Le monsieur est costaud.

De toute façon, j’avais rarement beaucoup trop en monnaie pour bien en profiter. Donc.

Et puis, de toute manière, loin de toutes ces sucreries, je préférais, et de loin, ce dessert glacé et fruité très en vogue à cette époque. Il y avait l’orange givrée ou le citron givré. Moi, j’avais en évidence une préférence pour l’orange. J’avais droit à cette glace qu’avec l’accord de mes parents parti en piste le samedi après-midi dans certains grands cafés de Vannes ou au restaurant en suivant ceux-ci à un repas de famille le dimanche midi à Lorient.