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Titre du blog : Art-Andy
Auteur : xmissbzh
Date de création : 02-01-2009
 
posté le 11-04-2011 à 11:53:56

La naissance de Léonardo

 Chapitre 3

 

 

 

 

 

J’ai une cousine qui est décédée d’un cancer des os. Elle avait dix sept ans. C’est jeune.

J’ai un seul souvenir d’elle.

J’étais en voiture avec Moun et Paolo, nous arrivions chez ses parents à Crozon dans le Finistère. Pamela descend la rue toute guillerette défilant le trottoir avec une copine.

 

Maman n’est plus institutrice. Moun est conseillère professionnelle maintenant à l’Agence nationale pour l’emploi.

Jacky est une copine à elle. Elle est parisienne. Jacky vie et travaille à Panam. C’est au cours d’un meeting syndicaliste à Bourges que Jacky et Moun se sont rencontrées.

Jacky est une femme avertie.

Son mari s’appelle Jacquot. Jacquot et Jacky ont un surnom, ce sont les Jakous. Les Jakous ont un fils. Un seul.

Un seul.

Les Jakous ont une maison secondaire à la Baule. La Baule est la station balnéaire des parisiens dans les années soixante-dix.

Les Jakous, les De La Jacques Dubois Fleuri et mes parents sont trois couples épicuriens et festifs.

Le Jameson pour guider l’apéro et les Saint-Émilion pour accompagner les bonnes bouffes ont bon train et bon métro sur des fonds musicaux de disco, de rock-and-roll, de reggae et de jazz.

J’adore Nina Simone, Janis Joplin et Bob Marley.

 

Maman s’est investie dans le syndicalisme.

Elle est de gauche.

 

Paolo, lui, ne patauge pas dans la grande sauce syndicaliste.

 

 

 

 

 

Les Jakous, les De La Jacques Dubois Fleuri, mes parents et moi séjournèrent plusieurs fois pour les grandes vacances d’été sur l’île d’Houat dans l’archipel des îles du Ponant aux larges des côtes de la pointe de la presqu’île de Quiberon à quelques miles des belles plages belliloises.

Nous faisions tous du camping sauvage sur l’unique longue plage de l’île d’Houat. En breton, Houat, c’est un canard.

Sur l’île, les véhicules sont interdits. Du quai du port unique de l’île d’Houat nous allons sur la plage à pied à travers la lande en gardant le sentier sous nos pieds. Je me souviens de cette étoile de mer couleur brique recueillie sur le quai de départ et oubliée sur le banc du bateau.

Je l’ai contemplé durant toute la traversée.

En culotte courte, le sentier était pour moi difficile à parcourir. Les pics des ronces me déchiraient trop souvent mes genoux ronds et la peau de mes deux petits mollets.

Sur la zone de notre campement favori à l’extrémité de la seule grande plage de l’île d’Houat nous montions directement sur le sable les trois grandes tentes à compartiments. Deux chambres et un salon. Le lieu est sauvage.

Il y a trois tentes. Ce sont les nôtres.

Au loin, séjournent nos seuls microscopiques petits voisins de vacances.

Une tente.

Une seule.

En face de notre bivouac, un gros rocher émerge de l’océan à deux cents trois mètres du rivage. Derrière nous, la lande.

Le décor est fait.

Si j’avais à nommer un petit coin de paradis, c’est ici.

Les grains de sable glissaient et se faufilaient entre mes orteils. Sous mes pieds le sable était mon terrain de jeu. La mer à quarante deux mètres ou à cent trois mètres en fonction des marées nous offrait son invitation pour un bain rafraîchissant.

Cependant, pour les tous petits comme moi, il était formellement interdit de se baigner le matin tant qu’un adulte n’était pas debout.

La patience était de mise.

 

 

 

Derrière notre campement se dressait un très haut talus fabriqué de terre et de sable pailleté de mille deux cents trous. C’était les fenêtres ouvertes des profondes galeries des souris des champs.

Un matin, pour zapper mes baignades interdites, j’ai voulu enfumer les galeries des rongeurs. J’étais l’aventurier Robinson Crusoé sur mon île déserte pour guetter la proie du jour.

Des allumettes volées dans une grosse boîte d’allumettes prise dans un recoin de la cuisinette, du papier journal et des brindilles trouvées là et là ont suffit à m’équiper pour accomplir mon attaque.

Le vent se lève.

Le talus est en flamme. Mais les souris n’ont toujours pas décampé. Affolé, je réveille mes parents pour éteindre l’incendie.

L’ensemble des adultes fourmillent maintenant entre le talus et l’océan. Les bassines, les bouteilles en plastiques et les grandes casseroles sont remplies à raz bord.

Le feu est étouffé. J’ai reçu une belle engueulade.

Belle engueulade.

 

Sur les grandes ondes France Inter annonçait la météo :

- Sur la Bretagne de belles journées ensoleillées seront accompagnées d’un zeste de zéphyr...

 

J’imaginais déjà les articles exagérés en première page de la presse écrite et en grand titre pour l’information du jour des journaux télévisés :

- Un jeune garçon a mis le feu volontairement dans les landes sur île d’Houat pour démasquer les renards.

Seulement les galeries des souris des champs n’existaient pas. Ces mille deux cents trous n’étaient que des nids d’hannetons.

 

Le lendemain matin, ne souhaitant pas à nouveau un autre incendie, je suis allé me baigner seul dans l’océan.

C’était royal.

Les adultes n’étaient pas levés. Quand Zoé, fille d’un libraire qui a pignon sur rue dans l’enceinte de la vieille ville de Vannes et copine aux Jakous, aux De La Jacques Dubois Fleuri et mes parents se pointe vers moi.

Zoé est en vacances avec nous.

Elle a dix sept ans.

Son ossature est solide et sa poitrine est lourde et copieuse.

En descendant la plage pour me rejoindre, elle sautillait, gambadait comme une gazelle avec ses longs cheveux bruns dans le vent.

Zoé a les seins nus.

Dans sa course les seins de Zoé partaient dans tous les sens.

Elle a tout d’alléchant.

 

Pour moi, cela a été une série d’images vu en accéléré comme sur des cassettes VHS en mode lecture rapide.

 

À ce moment là, au lieu de me baigner dans les vagues, j’aurai aimé courir vers elle pour soulager et soutenir ce grand balancement chaotique de ses deux gros ballons. Mais j’étais dans l’océan bleu, vert et blanc.

Blanc avec l’écume.

Mes petites prunelles vertes se sont fixées sur ces deux gros nichons.

Elle s’approche de moi.

Elle est grande.

Maintenant, je suis partagé entre l’envie de lui poser délicatement une main sur le creux de ses hanches ou de me frotter contre elle pour bien sentir ses grosses mamelles sur mon poitrail.

Mais pour ne pas avoir attendu un adulte debout pour me baigner je crains les remontrances.

Et Zoé me dit :

- Bonjour Andy !

Je lui réponds :

- Bonjour Zoé.

J’ai senti un de ses tétins effleurer ma peau douce.

Peut-être ai-je rougi ?

Elle s’éloignait de moi maintenant pour se taper quelques brasses. Elle ne me dit point mot sévère ni point mot non plus à mes parents pour ce bain en solo interdit.

 

J’avais trouvé Zoé vachement cool.

 

L’été se termine. Sur la route, Paolo a trouvé un chien égaré. Gris-gris.

L’automne et l’hiver passent.

Maman est enceinte. Moun accouche à l’hôpital de Vannes.

Léonardo vient de naître.

Précisément soixante et un mille cinq cent soixante six heures nous séparent.

Le lendemain de l’accouchement nous étions en famille dans la chambre de l’hôpital. Paolo me donne les clés de la voiture. Il me demande de sortir le cabot. Le chien est dans la voiture.

 

J’ai sorti le chien. Pas longtemps. J’ai remis Gris-gris dans la voiture. En revenant Paolo et moi constations les dégâts. La bestiole avait déchiqueté tous les fauteuils en cuir de la voiture.

C’est une coupée sportive jaune moutarde. Une petite BMW.

Paolo n’était pas content du désastre. Il pouvait l’être.

Paolo m’a engueulé vivement comme un chien ne croyant pas que j’avais sorti Gris-gris.

Paolo pouvait avoir raison de me corriger mais j’avais pourtant sorti le chien. Certes pas très longtemps.

Cinq jours plus tard, maman sortait de l’hôpital.

 

Léonardo est né dix jours après mon anniversaire, onze jours après le décès de Georges Pompidou, Président de la République française.

 

 

 

Je suis avec Paolo dans la voiture sur le chemin du scrutin justement. Le feu est rouge. Dans un carrefour, je me souviens de Paolo lorgnant la dégaine d’un passant aux cheveux longs.

Le jeune homme avait l’allure d’un trainé un peu efféminé, la tête noire et frisée. De la fenêtre de sa voiture, Paolo jugeait-il le faignant drogué, le joint au bec, ou jugeait-il l’homosexualité soupçonné du garçon ?

Le bulletin de Paolo déposé dans l’urne, nous sommes retournés à la maison. Un arrêt dans une boulangerie-pâtisserie. Il ne faudrait pas oublier le corps du Christ en ce jour dominical. Paolo n’est pourtant pas croyant.

Moun ne pratique pas sa religion non plus mais maman croit en quelque chose.

Sur le chemin du retour, j’imaginais Paolo avoir voté le politicien, candidat à l’élection, aussi homophobe que lui.

Supprimerait-il aussi ces gens porteurs de pantalons à pattes d’éléphant rayures bleues, jaunes et marron aux chemises blanches à fleurs roses, orange et violettes ?

 

Le dimanche 19 mai 1974, Valérie Giscard d’Estaing est élu Président de la République.

 

Deux mois passent.

 

 

 

Moun est sortie s’acheter des cigarettes. Deux paquets de Gitane. Elle me laisse à la maison avec Léonardo dans les bras en bonne assise dans le creux du canapé. J’ai mon frère sur les genoux.

À son retour, Léonardo et moi pleurions à plein sanglots. Mon frère s’était mis à pleurer et ne sachant quoi faire pour le soigner, j’ai pleuré aussi de toutes mes larmes.

En colère contre elle pour m’avoir laissé tout seul avec Léonardo, je suis parti bouder dans ma chambre.

 

 

 

Durant la nuit, un crustacé s’est glissé sous mes couvertures. Il longe la bordure de mon lit. Aux aguets ce monstre aquatique se dresse maintenant dans un coin du fond de mon pieu.

Je flippe.

Mes orteils sont en danger.

 

J’ai crié :

- Au secours...

Une partie de mes draps ont été mouillés avec le homard trempé. Je ne veux pas être coupable de ce dommage.

Le crustacé armé de ses deux grosses pinces aux pointes menaçantes et noires a sa carapace ocre, orangée et presque rouge. Des reflets brillant aux nuances bleues et noires.

Moun accourut me sauvant à temps de ce combattant imaginaire.

C’était un mauvais rêve. Il était bientôt l’heure de se lever. Je déjeune. Un chocolat chaud. Un pain beurre demi-sel. Un jus d’orange. Un fruit. Un fromage suisse.

Salle de bain.

Parka gris.

« Shoes » bien serrées.

Sac d’école sur le dos.

Maman me lança dehors avec énergie. Une grosse bise sur chaque pommette. J’ai huit minutes à faire à pied pour rejoindre mon école.

 

Commentaires

sandie le 06-05-2011 à 12:22:11
Ouaip bonne idée !!! smiley_id2385715
xmissbzh le 04-05-2011 à 22:49:24
ben moi non plus je mourrais moins bête... le cola corse, connaissais point.

pour info, le slogan de la marque c'est :

"le cola du phare ouest".

pour celui qui a de la jugeote, je trouve le jeu de mot très bien vu (deuxième jeu de mot)... je me surprends parfois, ça va les chevilles reste en place.

pour le JD, ça aurai été plus sympa à deux sur une terrasse d'un café corse ou d'une plage bretonne...


je t'embrasse. à+
sandie le 04-05-2011 à 16:46:15
La perfection n'est pas de ce monde...Alors édit !!

J'aime les deux avec ou sans cola, je ne savais pas que comme la corse vous aviez votre coca, j'irai me coucher moins idiote mais avec grand soif...en chronopost le JD STP !!


A+
xmissbzh le 04-05-2011 à 14:49:17
le JD, je te l'offre quand tu veux...

combien de glaçon?

pur, coca, breizh-cola?


à+

(j'ai du édité, j'avais oublié le H en final de breiz... bouh!)
sandie le 03-05-2011 à 18:49:30
la soupe de Moun c'est vrai !! elle venait à la suite...


Oui avec glaçon mais plutôt un JD alors !

xmissbzh le 28-04-2011 à 12:26:33
bonjour sandie,

pour ce qui est du chocolat, il y a les pyrénées aussi. Miam, miam... tout est bon à prendre, c'est comme du cochon.

Pour le homard, c'était peut-être une langouste, dans tout les cas c'était bien plus gros qu'une langoustine, ça c'est sûr. Merde, le lit est encore trempé...

Olga, pour la copine de ma mère, elle méritait le détour sur sa place rouge. et le crustacé n'était point là pour tremper les draps. tout va bien.

Quelle affreux pantalon jaune moutarde... bouh !!

Le neuf est à paraître bientôt, je le retravaille avant de le publier... dure tâch !!

Ainsi tu pourras continuer à te régaler de pyrénées ou d'ambassadeur devant un bon jameson... glaçon avec ?!

Sinon, en ce qui me concerne, j'aime le passage avec les deux étudiantes et le paragraphe qui suit avec la moquette sanguine et le volcan. que de rouge...

La soupe de poisson de Moun n'est pas mal non plus...

à+
sandie le 27-04-2011 à 22:17:45
C'est difficile ce que tu me demandes là...c'est comme prendre un seul chocolat dans la boite de l'ambassadeur ... dans ce chapitre ci, le homard m'a fait rire mais au faite était-ce vraiment un homard ???...Dans le 5 Moun un fusil à la main, le silence, l'inquiètude qui ont suivi m'ont beaucoup touché...Ces deux nuits torrides avec Olga m'ont fait pensé a un été 57 d'Alain Fleischer...et puis le passage du pipi culotte je me suis revue à 6 ans en culotte dans une salle de classe au côté d'un garçon en slip lui aussi, attendant qu'on me revêtisse d'un affreux pantalon jaune moutarde, sec certe, mais jaune moutarde quand même trop la honte lol...tu vois beaucoup trop à dire alors je mange tout les chocolats autour d'un bon whisky !!

sandie le 27-04-2011 à 15:45:11
J'ai rattrapé mon retard pas plus tard qu'hier soir...moi aussi j'ai un devoir qui m'appelle il a 5 ans et fait des guirlandes de poissons lol


....hop hop hop allez chapitre 8-9-12... je repasse vite


a+
xmissbzh le 27-04-2011 à 14:11:45
ah bon dommage... je te pensais lectrice assidue. Aussi, je pensais publier le 8ème chapitre ce jour. Devrais-je attendre? Non.


Le devoir m'appelle.


à bientôt. bye. à+
sandie le 26-04-2011 à 12:46:24
Mon bon Monsieur Andy...tu publies plus vite que je ne lis lol !

xmissbzh le 25-04-2011 à 19:16:24
alors mademoiselle sandie, as-tu continué les autres chapitres?...

dit-moi, maintenant que tu me connais un peu, peux-tu me dire quel est ton paragraphe ou la phrase préféré de ce que tu as lu de mon autobiographie?

en réponse, je te citerai mon passage préféré.

je t'embrasse.

... à+
xmissbzh le 14-04-2011 à 12:51:50
eh bien que de point commun... je pensais être privilégié avec ces bains de sang énivrant, c malin. je lance donc le cinquième chapitre ce jour (absent hier) après ce commentaire obligé (priorité au fan club)... lol

je t'embrass. à+
sandie le 13-04-2011 à 15:57:01
Vas bien !

oh que oui g tout lu le 4 aussi !! soudain me sont revenu à moi aussi les week end mise en bouteille,les étiquettes collées avec un mélange de farine et d'eau, Grand père arrosant copieusement sa soupe, les week end de ripaille autour d'un pauvre cochon dépecé et le p'tit voisin d'en face qui en pinçait pour moi...parti lui aussi trop vite, trop tot !

xmissbzh le 12-04-2011 à 16:53:05
bonjour sandie,

comment vas-tu? As-tu lu la préface, le premier et deuxième chapitre?

Heureux que mon écriture te plaise et qu'elle te rapelle des souvenirs juvéniles.

Je viens de mettre en ligne le quatrième chapitre. Je te souhaite donc un bon voyage dans mon histoire de vie.

à bientôt. biz
sandie le 12-04-2011 à 15:08:33
c'est marrant celà éveille en moi des saveurs et des souvenirs enfantins que j'imaginais avoir perdu...Merci je continuerai à te lire.


bises
xmissbzh le 11-04-2011 à 13:05:30
désolé sandie... merci pour tes compliments. Pas facile de se mettre à nu. Tu devrais lire la préface, le premier et deuxième chapitre. La suite dans les prochains jours... Je t'embrass. à+
sandie le 11-04-2011 à 12:41:32
Non mais c'est quoi cette histoire t'écris des nouvelles maintenant ????

j'ai lu le chapitre 3 malgré la première phrase peut engageante, c'est drôle, plein de fraîcheur, de candeur, un style d'écriture que j'aime, je vais devoir me soumettre à une séance de rattrapage c malin !!