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Titre du blog : Art-Andy
Auteur : xmissbzh
Date de création : 02-01-2009
 
posté le 20-04-2011 à 17:22:29

Olga et le Piano blanc

Chapitre 6






Devant un numéro de la rue Montaigne de Lanester, je suis avec maman et Léonardo.

C’est l’été.

La rue est sans issue. J’observe. Dans la rue, un adolescent et son père. Les maisons clonées sont cubiques avec les toits plats.

Je descends de la voiture.

C’est une Mini de chez Austin. La voiture est rouge grenat.

Le jardin est vert. Moun est en première ligne les clés dans la main.

Elle entre. Léonardo est derrière ses talons.

Je passe le seuil.

Moun nous fait la visite au rez-de-chaussée. Il y a le garage, la cuisine et les chiottes. Le salon et le séjour, une terrasse sur le jardin.

Léonardo et moi sommes montés à l’étage très vite pour choisir nos chambres.


Lanester, c’est la troisième ville du Morbihan après Vannes et Lorient. La ville touche Lorient séparée par le Scorff.

Pour les tamis, le Scorff est une rivière aurifère.

Mais pour celui qui voudrait s’aventurer au chanceux orpailleur qu’il n’espère pas fortune. La richesse sera intérieure.

Pour gagner l’oseille mieux vaut travailler ou jouer au loto pour les faignants. Dans la trame du tamis il est rare de sortir sa paillette d’or. Pas de pépite non plus dans tous ces simples grains de sables fins, gris et dorés.

Ici, on y pèche surtout du poisson. Du saumon et de la truite remontent la source pour le frai.




C’est la rentrée des classes. C’est mon second collège, Notre Dame du Pont. Je redouble ma troisième année.

Des élèves sont assis dans la cour. Les plus avertis des élèves fument leurs clopes.

Je ne fume pas.

Les garçons et les filles se font la bise.


La prison n’existe plus.


Maman est venue me prendre en fin de journée avec la Mini rouge grenat. Elle me demande :

- Alors ?

J’ai répondu de suite :

- C’est trop cool. On peut s’asseoir dans la cour.

- Et puis c’est tout ?

- Une fille m’a fait la bise.

- Ouah ! C’est cool.




Après le divorce des parents, notre père était censé venir nous chercher, moi et Léonardo, tous les quinze jours pour passer les week-ends avec lui et sa blonde.

J'ai attendu.

Le premier week-end.

Le deuxième.


Trois mois sont passés sans nouvelles de Paolo.


Des grenades explosaient dans mes tripes comme dans le cœur d’un bunker. Je souffrais en silence. Mon père avait-il prédit ce que j’avais entendu de sa bouche :

- ... sinon je devrais m’en aller. Loin.




J’ai eu peur de le croiser dans une rue feintant de ne pas me reconnaître.

Paolo aurait-il été capable de nous ignorer ?




Lors des vacances de noël, je n’attendais plus revoir mon père mais j’espérais désespérément un coup de téléphone.

J’ai attendu jusqu’au premier de l’an.

Ce jour particulier, j’ai porté attention au téléphone la journée entière. C’était mon dernier jour.


Depuis cet hiver là, le jour de noël est devenu pour moi un jour comme tous les autres et surtout pour tous les autres.

Dans certaines familles, je trouve que les enfants sont trop largement gâtés à noël et trop souvent généralement de choses inutiles. C’est l’effet du pouvoir occidental fondé sur le mode de la surconsommation. Le système a son influence sur ce monde.

Pour ce noël, je n’avais pas été gâté.


J’ai profité de mes nouvelles rencontres scolaires pour survivre.




En août, je m’étais fait l’idée de façon assez détaché de ne plus jamais revoir Monsieur Paolo quand il réapparut soudainement en téléphonant pour nous prévenir qu’il passait nous chercher dans une heure.

Espérait-il un de mes doux sourires ?

Paolo ne nous a consacré que vingt deux minutes sur le bord de la route près d’un passage à niveau à deux cents cinquante un mètres de la rue Montaigne. Vingt deux minutes. Léonardo et moi n’avions pas vu notre père depuis un an.

Durant son entretien, le paternel accusait notre mère fautive de leur séparation. Et bien sûr il nous a reproché de ne pas l’avoir coudoyé.

Pour moi, c’était le comble.




Monsieur Paolo était parti faire sa seconde vie à Laval dans les bras d’une blonde. Elle travaille dans le milieu pharmaceutique au sein d’une entreprise multinationale.

Monsieur Paolo m’avait prévenu :

- ... sinon je devrais m’en aller. Loin.


Elle est belle la France.


La blonde était une de ses deux longues demoiselles extraconjugales qu’il se farçait avant de solliciter le divorce.

Mais l'histoire de mes parents ne nous regarde pas.

C'est la leur.

 

 

Elle est belle la France.




Je suis en pension au lycée Paul Cornu à Lisieux. C’est à moitié chemin entre Cherbourg et Paname. En Normandie. La ville de Caen n’est pas loin. Deauville non plus.

J’y suis pour trois ans préparant un CAP de dessinateur d’exécution en publicité.

L’internat du lycée professionnel fermait la porte tous les week-ends.

Douze heures de train, aller-retour, chaque week-end.

Pas le choix.

Comme cela j’ai connu tous les coins et les recoins des beaux Corail de l’ouest et des petites vilaines michelines régionales.






Maman a une nouvelle amie. Une collègue du boulot. À l’apéro du soir, les deux sont souvent chez l’une ou chez l’autre pour piaffer et refaire notre monde qui est à nous.

Finalement.

Charnelle pourrait-être son adjectif. Olga est blonde d’origine slave. Les yeux bleus.

Elle connaît bien la place Rouge de Moscou et le Kremlin avec ses multiples dômes multicolores mimant de jolies glaces crémeuses.

Olga est une femme.

Elle le sait et moi aussi.

Mais j’étais loin de passer une nuit avec elle. Je n’ai que seize ans. De plus je n’y connaissais rien des nanas. Et puis c’est la copine de maman.

Donc.


Pourtant quand j’empruntais l’escalier du salon de chez Moun pour monter à l’étage je balançais sans relâche mon regard sur le décolleté d’Olga assise avec maman. Olga confortablement prise dans le canapé avait remarqué mon manège.




Entre les deux fêtes de fin d’année j’ai suivi Raoul, notre pilote de ligne, Moun et Olga au Piano blanc. C’est une discothèque à Plouhinec de l’autre côté de la rade de Lorient.

Pour s’y rendre en voiture on doit sauter le Scorff et le Blavet, une autre rivière.

Les deux ponts sont utiles.


Nous sommes restés cinquante six minutes dans la boîte de nuit.

Une heure.

Le temps de boire deux verres.

Au retour du club de nuit notre pilote de ligne m’a déposé chez Olga. Moun s’était endormie devant. Nous avons pris l’ascenseur pour monter chez elle.

Olga et moi avons pris un verre d’eau dans la cuisine et nous nous sommes réfugiés sous les draps de son lit pour se blottir.


Il m’a fallu de la dextérité dans le doigté pour dégrafer son sous-tif.

Je décroche finalement l’agrafe de son soutien-gorge.


Jamais je n’avais encore pris le sein nu d’une fille dans mes mains. Je la caresse, elle me caresse. Olga m’initia aux ébats amoureux me permettant sa prise à plusieurs reprises. Avec rigueur et douceur je l’ai secouée toute la nuit avec tact et brutalité maîtrisée.

J’ai transpiré.

Elle aussi.

Dans l’action Olga a posé un instant le bout de son majeur sur le rebord de mon anus. Cela m’a fait quelque chose.

Au petit matin nous avons pris le petit-déjeuner dans la cuisine.

Café pour tous les deux.

Un jus d’orange et deux Cracotte.

Beurre demi-sel.

Confiture à la framboise.

Olga est allé sous la douche puis nous nous sommes quittés au premier carrefour pas très loin de son appart.

Elle partait rejoindre sa chaise et son bureau.




Trois mois plus tard.


Olga était déjà sous les draps une seconde fois. Assis à côté de ma douce je croque à pleines dents une pomme Granny-smith.

Peureux.

Que pouvait m’apporter l’expérience et la générosité d’Olga ? Je ne suis qu’un jeune encas pour elle.

 

Après une agape bien arrosé, Olga m’avoua qu’elle avait été figurante dans un film jouant une hôtesse d’accueil dans une administration et que cela lui avait permis de rencontrer Monsieur le grand Patrick Dewaere.

Comédien.

En fin de tournage, elle séduisit Monsieur Dewaere l’invitant avec audace à passer la soirée avec elle. Après avoir bu trois verres dans un bistrot de quartier, elle réussi à terminer la nuit avec lui.

Dans sa loge.

Une caravane.

Olga a couché la nuit avec Monsieur.

Olga n’est pas mythomane.


La classe.

Puéril, mon côté animal m’emporta un instant dans une fierté insoupçonnée.

Olga s’était tapé Monsieur Patrick Dewaere, un de ces grands du Café théâtre de Montparnasse et brillant comédien dans les Valseuses.


J’ai donc été dépucelé par une des conquêtes de Monsieur Patrick Dewaere. La classe.

En révélant mes deux nuits torrides à quelques proches, aucun ne me crurent sur le coup.