CE CHAPITRE CONTIENT DES PASSAGES POUVANT CHOQUER CERTAINES ÂMES SENSIBLES. POUR AIDER LE LECTEUR À UNE LECTURE SANS HEURT, LES ZONES CRITIQUES ONT ÉTÉ INTENTIONNELLEMENT SURLIGNÉES. AUSSI CES BRIQUES RETIRÉES N’ENLÈVENT EN RIEN À LA CONSTRUCTION DU TEXTE. MERCI POUR VOTRE COMPRÉHENSION.
Chapitre 11
Ainsi je partageais ma suite avec mon frère. Niveau deug en archéologie dans la poche mais pas de talon d’ancêtre ou de vase en cuivre à ausculter. Son plume était occupé par Marie-Antoinette qui finalement m’avait suivi pour lâcher définitivement sa bauge.
Léonardo mordait notre aïeule jusqu'à la moelle et cela m’ébouriffait. Ne pas avoir sa paille le contrariait certainement en plus de ne pas pouvoir vaquer à ses fouilles favorites.
Pour cela, un matin, j’ai fuit la chaumière maternel.
Moun s’était mise en travers de mon capot pour éviter que je m’en aille en pie-grièche.
Mais, mon ticket n’était plus chez ma Moun nourricière.
Il me fallait nicher une piaule. D’urgence.
Février 1998, je m’installais dans mon studio.
Avec tous mes tableaux.
Pots de peinture, brosses et pinceaux.
Le soir de mon aménagement, j’ai pris un verre à la Maison salsa, c’est un bar. Sur le trottoir, je croisais Amélie en place sur sa parcelle. Nous nous étions connus chez un dealer.
Amélie me proposa de la rejoindre chez elle après son boulot.
Je m’assieds dans un luxueux fauteuil style suédois, mélange de genre Louis XV et de Néoclassique. Gustavien. Mon corps prit forme dans ce nouveau réceptacle.
Au loin, j’entends la demoiselle préparer un bon café Grand Mère.
Elle revient.
Elle s’était ajouré le décolleté.
Oubliant le café coulant, elle se pose à mes pieds langoureusement et me lance :
- J’ai envie d’ton corps.
Et se relève chercher le café noir.
La proposition réveilla ma libido. Je l’entends revenir.
Le pas est moins sûr.
A-t-elle peur de renverser le café ?
Elle me sert le café puis le sien.
- Que viens-tu faire ici Andy ?
- C’est toi Amélie qui m’a proposé de venir...
- Ok, mais...
Elle finit la dernière goutte de son café.
- Tu sais, je ne suis pas une fille comme...
J’attendais une réponse à son silence.
Elle reprend :
- Je suis né à moitié comme toi.
- ...
J’ai laissé le joint s’éteindre dans le cendrier. Amélie était nue déjà dans sa chambre sur ses draps avec son supplément entre les cuisses. Elle ne m’avait pas menti. Le dealer non plus.
Je ne pouvais plus reculer ni lui cracher dessus.
Amélie est hermaphrodite. Nom masculin, l’intersexué humain est un être à l’allure féminine mais avec en décor une limace et deux sacs à spermatozoïdes dans l’entrejambe.
L’hermaphrodisme, chez l’espèce humaine, n’a pas la même fonction que dans le règne animal ou végétal qui consiste à pouvoir se reproduire seul. À proprement dit, chez l’homme, l’intersexué n’est pas un escargot ni un lombric. Ce dernier que Monsanto détruit en masse par ailleurs pour le profit de son confort. (Les lombrics aèrent considérablement les sols pourtant avec leurs multitudes galeries.)
Ici, c’est un accident de la nature.
Véritable créature, moitié homme moitié femme.
C’est signé dans leurs chromosomes.
XXY.
Il nait un hermaphrodite humain toutes les mille naissances.
La sirène est leur sobriquet.
Fiction ou réalité ?
Dans quel monde sommes-nous ?
Amélie est brune. De très beaux seins. Sa peau est douce. Amélie a les épaules carrées.
Au petit matin, elle me déclare :
- On ne m’a jamais caressé les seins aussi bien.
Je devais être un bon coup.
La panthère se leva du pieu. Elle disparut nue dans le couloir avec son cul diabolique.
Elle réapparut de nouveau. Son braquemart en surcharge. Le joint au bec que j’avais laissé la veille dans le cendrier du salon. Son paquet de cigarettes dans la poigne gauche solidement fermée.
L’image était moins paradisiaque.
Amélie me passa le joint. La prostituée s’allume une clope et se rencogna sous les draps.
Blottie, elle me proposa de bouger à Jérusalem pour retrouver une de ses cousines en vacances.
Ici, la parousie ne se réaliserait pas.
Mais.
Parmi les autres bancs publics, des doums. Ombre et lumière. Au loin, le Cédron coule à flot. Pas de cumulus mais canicule. Une fille venue de la palmeraie se présente devant nous. La cousine. La jupe en cuir noir juste au dessus des genoux. Tee-shirt à grosses fleurs rouges grenat sur fond dégradé vert émeraude. Très mauvais goût avec ses chaussettes blanches épaisses. Trois colliers sur le cou. Bleus marines. Ballerines noires avec ses petits nœuds sur le nombril.
On devine ses tétons qui se pointent. Pas de soutien-gorge. Petite poitrine.
Après un thé rouge sucré au miel d’orangers dans sa caravane, je me suis retrouvé nu dans un lit. Une chaussette encore au pied. Là, cloisonné tel une tranche de saucisson à l’ail écrasé entre deux belles tartines de miche à l’ancienne. Amélie avait le mamelon de chaque sein qui me caressaient le dos. Solides et durs les deux boutons. Devant moi le visage en fleur de sa cousine. Sarah. Paupières fermées. Sa tête allait de droite à gauche comme ne pouvant pas la caler pour me regarder à travers les yeux.
Les cris bourraient la pièce.
Les murs ont failli pleuvoir.
L’accalmie revenue, Sarah me lécha les pieds et les chevilles avec sa langue presque aussi rugueuse comme un chat persan. Des chevilles jusqu’aux genoux. De l’intérieure des cuisses aux deux couilles.
J’ai pris mon sexe rigide dans la main gauche.
Masturbation.
Amélie me sourie. Un peu pincé. Son sexe et le mien se sont salués. À genoux, elle s’approche jusqu’à ce que sa verge atteigne ma glotte.
J’ai avalé son sperme un peu salé giclé aux portes de mon œsophage. Gorge profonde.
Durant ce temps, Sarah me prenait en levrette à l’aide d’un long godemiché en matière plastique rose sanglé sur ses hanches merveilleusement sculptées.
Je rêve. J’étais comme dans un rêve.
Sarah se retire.
Je suis à quatre pattes.
Le rêve continue.
Amélie me prit encore.
Sarah a pris à pleine dents mon sabre aiguisé. Sur le dos, elle attrape ma nuque avec ses petits mollets bien musclés et bien dessinés m’obligeant à taquiner son petit clitoris. Mes lèvres, petites et charnues, ma langue, musclée et longue, et le coupant de mes dents lui ont titillés et chatouillés ses larges babines spongieuses et marron.
Elle sentait bon, la garce.
Son clitoris avait doublé de volume.
C’est bon signe.
L’hermaphrodite me secoue encore agrippé sur mon corps, ses doigts glissant sur les vallons de mes hanches. La paume solidement accrochée au sommet de l’os.
Un instant, le trio était rentré dans l’empire du vide où le tout devient rien et où le rien prend de l’importance. Aussi, un chant de sirène avait résonné dans l’océan bleu et vert des quatre cloisons de la pièce.
L’atmosphère était mouillée. Les murs ont transpirés.
Le sourire de la Joconde d’un poster était devenu plus évident figé à jamais sur ce bout de papier glacé. Aussi la dame avait changé de regard.
Cette balade avait-il été pour moi un phantasme ?
Amélie aspirait sa glace au citron comme dessert à l’intérieur de ses joues avec insistance. Le matin au réveil. À dix heures dix. Le midi entre la salade de tomates cerise rouges pour l’entrée et le long boudin noir avec sa purée de pommes de terre jaune et ses pommes. Trop cuites. Après le déjeuner fini. Juste avant et suivant le café de seize heures cinq. Le soir avant de salir le trottoir.
Une vraie machine.
J’étais son cobaye.
Le lendemain de la première passe, qui n’avait pas de prix, Amélie me répondu avec une grande assurance qu’elle n’était pas un homme.
- Tu sais, Andy, je suis une femme dans la tête.
Au retour de ce périple vertigineux dans la vallée de Josaphat, là où les morts ressusciteront au Jugement dernier, j’ai construit des muretins en bord de rive, dans le domaine d’un vieux moulin à eau, comme enfant lors de l’assemblage de mes briques de Lego. Jaune. Vert. Noir. Transparent. Blanc. Bleu. Rouge. Gris. Le lieu doit être réincarné en centre culturel. Au cœur du musée, l’Odyssaum, les têtes d’affiche seront les salmonidés anadromes.
Un pampre de savants de l’Institut National de Recherche Agroalimentaire occupait déjà l’endroit pour piéger, mesurer, peser et libérer ces poissons roses. À l’aide d’un artifice ingénieux, ces maestros enregistraient le nombre de chaque truite de mer et de chaque saumon criblés.
Les chiffres s’harmonisaient et s’accommodaient avec brio sur leurs calepins. Du printemps au printemps. Saison de la montaison.
Le frai au fond du lit.
Plusieurs mois passent.
J’ai trente et un an.
J’ai déteint sur une rouquine lesbienne. Sylvie Mors fourbissait à foison son pseudonyme, Elisa, lui façonnant un portrait compliqué.
Son odeur l’était aussi.
Âcre.
Elisa travaille en nocturne dans un bar de nuit.
Danseuse peut-être. Plutôt discrète sur son job, je ne la sondais pas trop non plus.
Sylvie Mors a été, à douze ans, violée par un confrère de son père le jour de son anniversaire.
À vingt deux ans, Sylvie côtoyait beaucoup de magrébins de son âge.
Mais quand ne désirant pas se reconvertir pour se marier avec le dernier de ceux-là, le père de celui-ci a forcée Elisa à travailler sur le trottoir.
Le mec était fils de pute. Son père souteneur.
Sylvie a monté sa fille à peau douce de cinq ans sur ses épaules pour migrer sous les ailes protectrices d’une association soutenant les gazelles froissées et déchirées par cette jungle urbaine. Le Nid.
Le père maquereau aurait pu voler la peau douce pour la négocier vierge à un harem, tannée et chère au sultan de son royaume. C’est ce que le mac lui menaçait si les clients se plaignaient de ses services.
Mauvaises passes.
Bien pire, le père aurait pu se garder la môme pour viol, étranglement et voire découpe en morceau. Rôti ficelé. Un petit sein par ici. Un genou au chat. Une cuisse au boucher pour les kebabs. Un avant-bras, sa main et les reins dans la Mer Rouge. Et puis quoi encore.
Un vent soufflera trois fois.
Elisa a dû changer de quartier pour garder sa liberté et sauver l’avenir de son tendron.
Le Tigre et la Mer Rouge n’auront pas le corps et le sang de sa progéniture. La mère quinquagénaire aura la garde de la jouvencelle. Contrainte pour un temps. La grand-mère a donc tenu au bâton sa petite fille sachant impunément que Sylvie Mors ne s’en sortirait vraisemblablement jamais. C’est ce qu’elle pensait.
C’est vrai qu’Elisa gambadait le pied écorché. Coupé à chaque pas. Mais Sylvie Mors s’en sortirait. Moi, je le savais.
Sylvie Mors, sa fille Charlotte, et moi dînons chez Moun.
Après le repas et après avoir couché sa peau douce à l’étage, Sylvie est allé flagorner la réceptionniste. Espérant bisous et caresses. Mais ma mère, pas gouine pour un sou, n’allait pas non plus avaler la copine de son fils.
Elisa sur le carrelage comme une cavalière sur le cul tombée de sa monture a souri furtivement. Bêtement.
Moun s’est glissé chaudement sous sa couette.
Navrée. Seule.
Elisa me demanda de la prendre. Levrette. Petit derche. Une poire. C’est vrai, ces fesses blanches m’excitaient.
Elle aimait ça.
La garce.
Après avoir éjaculé sobrement au plus profond du couloir de son intestin, mes deux sacs à spermatozoïdes à sec, Sylvie me proposa un trio. Une verge au garde à vous en supplément.
- Une partie à trois ça te branche ?
Un peu réticent mais pas non plus contre :
- ...
Nous nous étions désaltérés à la Maison salsa.
Trois clients.
Un garçon plongé dans l’écriture, Sylvie Mors et moi.
Sylvie :
- Il est beau gosse, non ?
Encore hésitant :
- ...
Sylvie au garçon :
- Thé ou maté ?
Le garçon accepta l’infusion proposée par Sylvie Mors lâchant son crayon à bille sur le vif et ses papiers dispersés sur sa table de bistrot.
Ronde.
Sa cigarette a continué de fondre dans le cendrier.
Pas farouche, Elisa lui proposa de nous suivre. Maintenant. Il ne refusa pas ce con. Il prit ses papiers en vrac, son nouveau portable et son crayon à encre bleue.
Un Bic.
Sa clope s’était éteinte.
Nous avions chacun un rye coca sur la table. Paille rayée blanc et jaune en colimaçon. Plateau de la table basse verre teinté. Note gris bleu. Rectangle et angle droit. Un tapis rouge grenat rehausse le tout.
Large verre à whisky.
Fond épais.
Un glaçon chacun.
Le garçon s’est approché, sa main droite sur le dessus de ma cuisse gauche. Mes pinces sur ses avant bras, j’ai fini par palper ses biceps. Nous nous sommes embrassés. Presqu’un viol.
Sur le canapé-lit, j’ai snifé le trou de son cul. Je crois même l’avoir sucé. Mais.
L’étalon effectuait son service militaire. Garçon de comptoir dans le berceau de la base sous-marine de Keroman à Lorient.
Construite en trois phases successives par les prisonniers de guerre et supervisée par les galons d’Adolf entre 1941 et 1943, la base sous-marine est formée de trois énormes blockhaus.
Le premier bloc est percé de deux larges et profondes alvéoles. Deux autres bâtiments ont été coulés sur la terre des vaches, des champignons et des petites fourmis pour stoker les lourdes torpilles et garer les U-boote hors mouillage. Entretien et réparation. Un quatrième élément juxtaposé au premier bloc forme finalement ce monstre amphibien aux sept alvéoles existants.
Ainsi, le site pouvait héberger une trentaine de sous-marins U-boote. Forteresse marine la plus importante des occupants sur la face Atlantique.
Parmi les U-boote, il y a le type 2, le type 7. Le type 21 est le plus répandu de tous.
Sur le site maintenant, il y a un centre documentaire La Cité de la voile Éric Tabarly et un bar-resto La Base au décor intérieur sobre, raffiné et métallique.
Le lieu dispose d’une micro plage artificielle. Ici, le sable fin semble adoucir la lourdeur des mastodontes mastoc.
Ma belle rouquine sommeillait sur le ventre. Assouvie. Fesses blanches. Ma queue flasque. Veule. Notre garçon n’est plus. L’office des mariniers en avait besoin. Le jour s’était levé. Mais comment avions-nous entremêlé nos corps durant toute la nuit ?
Je n’en savais foutre rien.
Aucun souvenir.
J’ai pris une douche. Froide.
En soirée, le trio s’était à nouveau emmitouflé. Dans les draps. Et Sylvie insistait :
- Andy, sois gentil avec notre invité.
- ...
- Tu as été si doux avec lui hier soir. Souviens-toi !
Le doute s’installait. Le garçon restait silencieux. Était-il complice des faits de la veille dont je n’avais aucune images sinon le souvenir d’avoir voulu effleuré la peau de ce gland devant moi déjà bien rouge et gonflé ?
Lèvre inférieure.
Cinq semaines.
Sylvie Mors m’annonce par téléphone qu’elle est en cloque. Elle désirait mon avis pour garder sa grossesse mais la belle rouquine callipyge dansait sur le tranchant d’une lame et pour éviter la blessure, il lui aurait fallu l’expérience d’un funambule qu’elle n’avait pas. La chute était inévitable.
Au bout du fil, je lui déclarais notre séparation.
Irréversible.
Elisa m’avait drogué lors de la première nuit. Le garçon de comptoir l’avait-il été aussi ?
Des flashes de la soirée me sont apparus que bien plus tard après notre séparation.
Drogué au gammahydroxybutyrate, la drogue du violeur sous les initiales connues du G.H.B.
Ainsi mon ange gardien me rappela que j’avais déjà subi un viol. Bien sûr, je n’avais plus de souvenirs des attouchements provoqués par Julie, la fille de Madame Kerplouz, qui me chatouillait le sexe à travers le tissu de mon short. Et puis quoi d’autre ?
Mon ange gardien :
- Tu as été violé enfant, Andy.
Moi, perplexe et frustré :
- Et par qui j’ai été violé ? Où ?
Mon ange gardien restait silencieux.
Moi, à fleur de peau, insistant :
- Où ?
N’ayant pas plus de réponse, j’avais fini par oublier cette annonce la trouvant déplacée et de mauvais goût.
Ainsi j’avais passé la trentaine et ma joie la plus profonde était de rencontrer enfin ma destinée. Une fille. Une demoiselle. Une femme. Une dame. Une gazelle. Une gonzesse. Une meuf. Une nana. Une épouse. Une compagne. Une greluche. Une nénette.
Un con. Un objet. Un meuble. Un neurone.